lunes, febrero 13, 2006
Traducción Latín-Francés del Memorandum
El denominado pomposamente Memorandum D´Arcis es un documento "pseudo-histórico", no está fechado, no está firmado y no está sellado.
El canónigo Uliysse Chevalier "quiso" datarlo en 1389, pero su contenido en lo referente a lo acontecido 34 años atrás y protagonizado por uno de sus predecesores, el obispo Henri de Poitiers, "choca frontalmente" con un documento histórico que, al contrario del memorandum, sí está fechado y sí esta firmado, la carta del propio obispo Henri de Poitiers de 28 de mayo de 1356 aprobando con su "asentimiento, autoridad y decisión" el culto en Lirey estando "bien informado por legítimos documentos".
Esta traducción al francés desde el documento original así como la fotografía del mismo se debe a Bonnet-Eymard.
En ella sí aparece el encabezamiento o título del escrito, omitido de manera habitual, que clarifica su carácter de borrador ( lo pongo en color distinto).
En la fotografía, que al clickear se agranda, se aprecia perfectamente este encabezamiento, así como que el documento está escrito sobre papel y no sobre pergamino como indicaba Chevalier para darle una mayor "prestancia".
Traducción al francés desde el documento original por Bonnet-Eymard :
Vérité sur le linge de Lirey qui, après avoir été longtemps exposé à une époque antérieure, vient de l'être derechef, au sujet duquel j'entends écrire à notre seigneur pape dans les termes qui suivent et aussi brièvement que possible.
Spontanément aux pieds de Sa Sainteté pour les baiser dévotement avec toute la promptitude de l'obéissance requise. Très Saint Père, puisque les causes majeures, celles surtout où il s'agit du péril des âmes et dans lesquelles l'opposition de puissances supérieures rend malaisée l'application des mesures nécessaires, doivent être soumises au Saint - Siège apostolique, dont la prévoyance attentive prend toujours les dispositions les plus utiles à la gloire de Dieu et au salut de ses sujets, à ces motifs, je viens porter à la connaissance de Votre Sainteté un fait gros de dangers et pernicieux par l'exemple qu'il donne, qui s'est produit naguère dans le diocèse de Troyes, afin que par la prudence de Votre Sainteté, qui, avec sollicitude, ne cesse de veiller au bien de ses sujets et de les préserver des périls, il y soit porté un prompt remède, pour la gloire de Dieu, l'honneur de l'Église et le salut de ses sujets.
Il y a quelque temps, en effet, Très Saint Père, dans le diocèse de Troyes, le doyen d'une église collégiale, celle de Lirey, brûlant d'avarice et de cupidité, usa de procédés iniques et dolosifs pour posséder dans son église, par motif de lucre, non de dévotion, un linge artificieusement peint sur lequel avait été délicatement représentée la double effigie d'un même homme, de face et de dos. Il soutenait faussement et feignait de croire que c'était le Suaire même avec lequel notre Sauveur Jésus-Christ avait été enveloppé dans le sépulcre et sur lequel l'image entière de ce même Sauveur, avec les blessures qu'il avait reçues, était restée imprimée de cette façon; loin de se limiter au royaume de France, cela fut répandu pour ainsi dire dans le monde entier, tellement que, de tous les points de l'univers, les peuples affluaient en masse. Pour séduire ces multitudes et leur extorquer leur or par astuce, on forgeait là des miracles en faisant mentir certains individus payés à cet effet: ils feignaient d'avoir été guéris lors d'une ostension dudit suaire, que la croyance universelle attribuait au Seigneur. Ce que voyant, Mgr Henri de Poitiers, d'heureuse mémoire, alors évêque de Troyes, persuadé par nombre de sages conseillers qu'il convenait d'intervenir, tout autant d'ailleurs qu'il lui incombait selon le devoir de sa juridiction ordinaire, mit tous ses soins à rechercher la vérité dans cette affaire: bien des théologiens et d'autres personnes avisées affirmaient que " cet objet " ne pouvait être véritablement le Suaire du Seigneur qui porterait imprimée l'effigie du Sauveur lui-même, puisque le saint Évangile ne faisait nulle mention de semblable impression, puisque enfin, à supposer que cela fût vrai, il n'est pas vraisemblable que les saints Évangélistes l'eussent passé sous silence ou omis, ni qu'on l'eût tenu secret ou dissimulé jusqu'à notre époque. Finalement, après avoir sur " cet objet " mené adroite et diligente enquête, il en vint à découvrir la fraude et comment ce fameux linge avait été peint par un procédé artistique; qui plus est, il fut prouvé, grâce à un artiste qui l'avait reproduit, qu'il avait été fait de main d'homme, et non confectionné ou accordé miraculeusement. C'est ce qui le détermina, après avoir longuement consulté maints théologiens et juristes compétents et s'être convaincu qu'il ne devait ni ne pouvait admettre pareille affaire ni faire semblant d'y donner son crédit, à engager selon les devoirs de sa charge une procédure contre le susdit doyen et ses complices afin d'extirper la susdite tromperie. Ceux-là, quand ils virent leur ruse percée à jour, firent disparaître et recelèrent ledit linge pour qu'il échappât aux investigations de l'ordinaire; depuis, ils ne l'ont plus sorti de sa cachette pendant trente-quatre ans, ou à peu près, jusqu'à cette année.
Or, à ce qu'on dit, voici qu'à présent l'actuel doyen de ladite église, dans l'intention frauduleuse d'y trouver profit!' vient de suggérer au sire Geoffroy de Charny, chevalier et seigneur temporel du lieu, de faire replacer ledit linge dans là susdite église afin que, les pèlerinages reprenant leur cours, celle-ci s'enrichit d'abondants revenus. Poussé par ledit doyen, qui marche sur les traces de son prédécesseur, ce chevalier se rendit auprès de Mgr le cardinal de Thury, nonce et légat de Votre Sainteté en France. Se gardant bien de rappeler qu'à l'époque évoquée plus haut, on donnait ledit linge pour le Suaire du Sauveur dont il aurait gardé l'empreinte, que l'ordinaire avait engagé une poursuite contre pareil désordre, tâchant d'extirper l'erreur à laquelle il donnait jour, qu'enfin, par crainte du même ordinaire, on avait fait disparaître ledit linge, qu'on l'avait même, assure-t-on, emporté hors du diocèse, le chevalier insinua au seigneur cardinal déjà nommé que ledit linge était une représentation ou image du Suaire, à laquelle la dévotion conduisait les multitudes, qu'en d'autres temps, déjà, il avait été l'objet, dans ladite église, d'une extrême vénération et avait reçu les hommages assidus de la plus vive piété, mais que, à cause des guerres qui ravageaient le royaume et pour d'autres raisons encore et, ajoutait-il, par mandement de l'ordinaire du lieu, il avait été pendant longtemps placé et conservé sous meilleure garde; il priait instamment qu'on lui donnât licence de placer dans ladite église ladite représentation ou image du Suaire, vers laquelle la dévotion portait les foules désireuses de la contempler, afin qu'on pût la produire et en faire l'ostension devant le peuple et qu'il fût loisible aux fidèles de la vénérer. Le seigneur cardinal ne donna pas une totale approbation à la requête, mais vraisemblablement de propos délibéré et avec la prudence requise, il concéda au requérant, par l'autorité apostolique, la faculté de placer et disposer cette représentation ou image du Suaire du Seigneur dans ladite église ou en quelque autre endroit convenable, sans avoir à demander l'autorisation à l'ordinaire du lieu ni à quiconque.
Prenant prétexte de cette lettre, l'on sortit et présenta au peuple, dans ladite église, ledit suaire, souvent lors de cérémonies et de fêtes, et parfois ouvertement, avec la plus grande solennité, plus grande même qu'on en use en cet endroit pour exposer le Corps de Notre- Seigneur Jésus-Christ: sur une estrade spécialement édifiée pour ce seul usage, au milieu des flambeaux allumés, deux prêtres revêtus de l'aube, portant l'étole et le manipule, présentent le suaire avec toute la révérence possible. On peut bien, en public, ne point affirmer qu'il s'agisse du vrai Suaire du Christ, en privé toutefois on l'affirme, on le prêche, et beaucoup le croient tel; d'autant, surtout, qu'il fut un temps où, comme il est déclaré plus haut, on disait que c'était le vrai Suaire du Christ, et qu'à présent, par un artifice de langage en usage dans ladite église, on ne l'appelle plus Sudarium mais Sanctuarium [Relique], ce qui sonne identiquement aux oreilles du peuple, qui ne fait point de telles distinctions; aussi y accourt-il en foule chaque fois qu'on fait l'ostension ou qu'on espère qu'elle sera faite, croyant, je dirais plus justement, s'imaginant par erreur que c'est le vrai Suaire; enfin, le bruit court parmi le public que ce culte a reçu l'approbation du Siège apostolique par le moyen de la lettre du. sus nommé seigneur cardinal.
Ce n'est pas tout, Très Saint Père: voyant que dans le peuple se renouvelait un si grand scandale et qu'une telle tromperie reprenait vigueur, pour le péril et la séduction des âmes, observant aussi que le doyen de ladite église ne s'était pas tenu aux termes de la lettre du seigneur cardinal, lettre qu'il avait pourtant obtenue, comme déclaré ci-dessus, en taisant le vrai et en suggérant le faux, je résolus de prévenir, autant que faire se pouvait, les dangers qui menaçaient les âmes, d'ôter et d'extirper du troupeau confié à mes soins une erreur si détestable. Conseil longuement pris encore sur cette question auprès de maints personnages compétents, j'interdis audit doyen, sous peine d'excommunication portée contre sa personne, de faire paraître et d'exposer ledit suaire devant le peuple aussi longtemps que de nouvelles dispositions n'auraient pas été prises à ce sujet. Or, refusant d'obéir, il se porta en appel et, au mépris de l'interdiction, continua les ostensions comme auparavant; qui plus est, le chevalier en personne apporta son soutien et sa protection en cette affaire, tenant de ses propres mains ledit linge lors d'une fête solennelle et le présentant publiquement aux fidèles avec toute la solennité que nous avons dite; il s'est fait, grâce à une sauvegarde du roi, mettre en possession et saisine pour exercer le droit d'exposer ce linge, et il m'a fait signifier cette sauvegarde.
Ainsi, sous le couvert tant du pourvoi que de ladite sauvegarde, cette funeste erreur est protégée, elle s'établit, elle prévaut, cause de mépris pour l'Église, de scandale pour le peuple, de danger pour les âmes, contre quoi, du fait des opposants susnommés, je ne puis prendre de mesures; c'est aussi l'opprobre jeté sur mon prédécesseur déjà nommé qui, de son temps, avait poursuivi ces agissements, sur moi enfin qui, désirant à mon tour, après examen, prendre, selon qu'il m'est imparti, les mesures que requièrent de tels agissements, les vois - oh douleur! - protégés, soutenus. Bien plus, ceux qui les soutiennent font répandre dans le peuple le bruit que c'est l'envie, ou bien la cupidité, l'avarice, le désir de posséder ce linge qui m'animent à les poursuivre, soupçons que jadis on fit peser aussi sur mon prédécesseur susnommé, tandis que d'autres répètent que mon action est trop modérée et que je m'exposerais à faire rire de moi si je tolérais plus longtemps ce scandale.
J'eus beau faire sommer et requérir instamment, mais avec humilité, ledit chevalier de mettre fin momentanément et de surseoir aux ostensions dudit linge, le temps que Votre Sainteté fût consultée là-dessus et qu'elle prit une décision, bien loin d'en avoir cure, il fit exposer, à mon insu, à Votre Sainteté ce qu'il avait exposé audit seigneur cardinal, ajoutant que, refusant de me conformer à la lettre de celui-ci et même faisant fi de l'appel, je ne suspendais ni les interdictions ni les sentences d'excommunication portées contre ceux qui exposaient ce linge et contre les foules qui se pressaient en ces lieux pour le vénérer. Seulement, avec tout le respect dû au requérant, je ferai remarquer qu'en procédant contre les personnes qui exposent ce linge de la manière susdite et contre ceux qui le vénèrent, je n'ai nullement cherché à infirmer la lettre du susnommé seigneur cardinal, encore qu'elle eût été obtenue par surprise: le prélat n'y avait en aucune façon concédé la faculté de le montrer aux fidèles, encore moins de le vénérer, tout au plus celle de le replacer et serrer dans ladite église ou ailleurs, en quelque endroit convenable. Vu qu'ils ne s'étaient pas limités aux autorisations du susnommé seigneur cardinal, j'ai procédé contre ces personnes suivant le droit ordinaire, non sans avoir beaucoup consulté, et selon qu'il incombe à ma charge, afin d'ôter le scandale et d'extirper pareille tromperie, pensant qu'il y aurait pour moi faute grave à passer sur de telles pratiques en fermant les yeux.
Toutefois, songeant aussi à moi-même en cette affaire, fort, toujours, du conseil de gens éclairés, je me vis contraint d'avoir recours, malgré tout, à l'appui du bras séculier, attendu surtout que le chevalier avait lui-même entrepris de remettre sa cause aux mains du pouvoir séculier en se faisant mettre en possession et saisine, comme nous l'avons relaté plus haut, par ladite sauvegarde royale, pour exercer le droit d'exposer et de montrer au peuple ledit linge, ce qui semble pour le moins incongru. Je me suis donc employé à remettre ce linge au pouvoir royal, toujours dans l'unique dessein de faire surseoir à la susdite ostension, au moins le temps que j'instruisisse Votre Sainteté de l'enchaînement des faits; on me l'accorda volontiers et sans la moindre difficulté, la cour du Parlement royal dans son ensemble étant parfaitement informée de l'invention superstitieuse de ce suaire et de l'abus qu'on en fait, ainsi que de la tromperie et du scandale dont nous avons déjà parlé. Ils sont unanimes à s'étonner,. sachant le fond des choses, que ce soit l'Église qui m'empêche dans une telle poursuite, quand elle devrait me soutenir avec vigueur, que dis-je? me châtier avec sévérité si je m'y montrais négligent ou indifférent.
Toutefois, le chevalier susnommé me devançant et exposant les faits marqués plus haut tels qu'on les explique, finit par rapporter d'auprès de .votre Sainteté une lettre par laquelle - à ce qu'on raconte en effet -, confirmation faite en connaissance de cause de la lettre du susnommé cardinal, il est accordé audit chevalier, nonobstant toutes les interdictions et tous les appels, licence de produire et d'exposer ledit linge devant le peuple et de l'offrir à la vénération des fidèles, cela en m'imposant un silence perpétuel, si j'en crois ce qu'on m'en dit, car je n'ai pu obtenir copie de cette lettre. Les canons, pourtant, ne me prescrivent-ils pas d'empêcher qu'on abuse les gens pour un motif de lucre, au moyen d'images diverses ou de faux documents? Or je n'ai point de doute là-dessus: ce ne fut qu'en suggérant le faux et en passant sous silence la vérité qu'on a pu se faire donner une telle lettre, qu'on n'eût pas obtenue autrement; je n'ai été ni appelé ni entendu. Surtout - ne doit-on pas le présumer en ma faveur? - aurais-je pu vouloir sans motif mettre un terme à cette affaire ou troubler en quelque façon les gens dans une dévotion juste et bien réglée? J'ai la ferme confiance que Votre Sainteté souffrira, dans sa bienveillance, que je continue à m'opposer à ladite ostension, vu les faits ci-dessus mentionnés, jusqu'à ce que je tienne de Votre Sainteté elle-même, plus amplement informée des faits véritables, d'autres instructions.
Daigne donc Votre Sainteté, Très Saint Père, considérer avec attention les faits que je lui ai exposés et prendre à leur sujet des mesures telles qu'une supercherie et un scandale de cette sorte, une superstition aussi abominable dans son fond que dans sa forme, soient, par la prévoyance de Votre Sainteté, extirpés jusqu'à la racine: c'est-à-dire qu'on ne montre plus ce linge aux fidèles, à plus forte raison qu'il ne soit plus vénéré ni comme le Suaire, ni comme une relique [sanctuarium], ni comme une représentation ou image du Suaire du Seigneur (puisque le Suaire du Seigneur n'était pas ainsi), ni sous quelque autre dénomination ou de quelque façon qu'on veuille imaginer; qu'au contraire, après avoir révoqué, ou, plus justement, déclaré nulle la lettre obtenue subrepticement et dont il a été fait mention plus haut, condamnation publique soit portée dudit linge en signe de réprobation de cette superstition, de peur que les pouvoirs rivaux, persécuteurs de l'Église et les envieux détracteurs du gouvernement ecclésiastique, dans leurs injures irrévérencieuses, ne viennent à dire que l'on trouve dans les tribunaux séculiers un remède plus prompt et plus salutaire contre les scandales et les supercheries que dans les tribunaux de l'Église. En fait, je me tiens prêt, ici, à donner incontinent les éclaircissements suffisants et indubitables, par voix publique et autrement, sur tout ce que j'ai avancé plus haut, afin de me justifier et de décharger ma conscience au sujet de cette affaire qui me tient fort à cœur; j'ajoute que, n'était ma mauvaise santé, je serais venu spécialement en personne exposer mes griefs, comme il convient, devant Votre Sainteté, considérant que je ne puis par écrit exprimer entièrement et bien suffisamment la gravité du scandale, le déshonneur encouru par l'Église et la juridiction ecclésiastique, ainsi que le péril où sont exposées les âmes. Je fais toutefois mon possible pour mériter d'être excusé, principalement devant Dieu, laissant le reste à la décision de Votre Sainteté, à qui daigne le Tout- Puissant conserver prospérité et longue vie pour l'avantage et les besoins du gouvernement de son Église sainte. Écrit...
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